L’asile invisible
Cet article a été originellement publié dans le City Journal, Winter 2021, sous le titre « The invisible asylum » ». Traduit de l’américain par Laurent Lemasson
Ce que l’on a appelé la « désinstitutionnalisation » des malades mentaux, à partir des années 1960, a consisté à fermer en grand nombre les asiles psychiatriques et à renvoyer les personnes souffrant de troubles mentaux au sein de la population générale. Cependant, bien qu’il y ait eu parfois des abus brutaux dans les hôpitaux psychiatriques du début du XXe siècle, la fermeture des asiles n’a pas fait disparaitre la maladie mentale.
Au contraire, avec un accroissement très sensible de la consommation de drogues induisant des psychoses, un pays comme les États-Unis compte aujourd’hui plus de cas de maladies mentales graves que jamais, et moins de capacités pour les traiter et les gérer.
En réalité les anciens hôpitaux psychiatriques n’ont pas simplement disparu, ils ont été remplacés par un « asile invisible » composé de trois institutions principales : la rue, la prison et les urgences des hôpitaux. En tuant le vieux monstre de l’enfermement psychiatrique, nous avons engendré un nouveau monstre : un régime qui conserve l’apparence de la liberté mais qui condamne une grande partie des malades mentaux à une vie de souffrances.