Laurent Lemasson – Docteur en droit public et science politique, responsable des publications à l’Institut pour la Justice
L’une des théories les plus populaires concernant la criminalité est que la cause profonde de la délinquance serait la pauvreté. Certains individus parmi la population générale deviendraient des délinquants parce que leurs parents étaient trop pauvres pour leur fournir une bonne éducation, et faute de perspectives économiques satisfaisantes une fois parvenus à l’âge adulte.
Il est vrai que, dans les villes, la criminalité sévit essentiellement dans les quartiers pauvres, pas dans les quartiers riches. Par ailleurs un très grand nombre de délinquants chroniques sont issus de foyers dits « défavorisés ». En troisième lieu, un grand nombre de délinquants sont eux-mêmes pauvres, officiellement, et ont un rapport problématique à l’emploi.
Mais une corrélation n’est pas une causalité, et cette théorie ne résiste pas un examen sérieux.
Comme par ailleurs elle ne peut manquer d’avoir des effets très néfastes, puisqu’elle revient inévitablement à excuser, au moins partiellement, la délinquance, et à orienter l’action publique dans de mauvaises directions, il importe grandement de montrer en détails pourquoi cette idée est fausse.