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Insécurité : virage politique vers la fermeté. Sur une échelle de 1 à 10, quelle crédibilité ? Pierre-Marie Sève interviewé par Atlantico

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Publié 9 août 2022

Que ce soit sur le dossier de l’imam Hassan Iquioussen, de l’expulsion des délinquants étrangers ou des rodéos urbains, Gérald Darmanin le ministre de l’intérieur multiplie les déclarations martiales. A l’aune du premier quinquennat Macron, quelles suites attendre ?

Atlantico : Que ce soit sur le dossier de l’imam Hassan Iquioussen, de l’expulsion des délinquants étrangers ou des rodéos urbains, Gérald Darmanin le ministre de l’intérieur multiplie les déclarations martiales. Son virage politique vers la fermeté est-il crédible ?

Pierre-Marie Sève : Avant même de poser la question de la crédibilité, ce qui est certain, c’est que Gérald Darmanin est une des figures de la lutte – qui sera réussie ou non – contre l’insécurité pour les 5 prochaines années encore. D’une certaine manière, nous n’avons collectivement pas le choix que de souhaiter sa réussite, et donc sa fermeté.

En termes de crédibilité personnelle, Gérald Darmanin possède en revanche une certaine crédibilité auprès des policiers. Il est considéré comme un bon ministre de l’Intérieur par « ses troupes ». Il a soutenu les policiers de la bonne manière au bon moment, je repense par exemple au grand oral que le syndicat Alliance avait organisé en marge de l’élection présidentielle. Avec Marine Le Pen, il était celui qui avait indéniablement le mieux réussi l’exercice. A l’inverse, le gros point noir de son ministère restera indubitablement les incidents du Stade de France, qui auraient pu justifier un limogeage.

J’essaye donc de faire preuve d’optimisme à son égard, mais je me fais du souci pour le reste du gouvernement. La lutte contre l’insécurité marche sur deux jambes : la police et la justice. Si le Garde des Sceaux demeure dans une position relativiste et philosophiquement laxiste, et surtout si le Président de la République ne prend pas à bras-le-corps ce sujet de l’insécurité, il n’y aura aucun résultat.

Le ministre de l’Intérieur est en poste depuis 2020. A l’aune de ce qu’a été le premier quinquennat Macron, si l’on regarde le bilan, quelles suites attendre à ces déclarations fortes ? Est-il possible qu’elles soient concrétisées en actes ? [Dans quelle mesure Gérald Darmanin et le gouvernement ont-ils réellement agi dans le bon sens jusqu’à présent ?]

Pierre-Marie Sève : Au-delà de Gérald Darmanin, il faut noter que, pour le moment, le quinquennat Macron n’a accouché d’à peu près aucune mesure positive dans la lutte contre l’insécurité. Le ministère de Christophe Castaner avait été très difficile à l’intérieur, et à la Justice, les deux ministres ont allié une mauvaise communication et de toute aussi mauvaises réalisations. J’ajouterai également l’attitude personnelle du président de la République, dont le programme Justice et sécurité à l’élection présidentielle était absolument vide, et dont la prestation au débat du second tour a été particulièrement inquiétante, en ce qui concerne la justice et la sécurité. Tout cela traduit un inquiétant manque d’intérêt pour la question de la sécurité.

L’optimisme éventuel que l’on peut avoir doit donc être largement tempéré par un mauvais bilan. Pour être clair : le quinquennat d’Emmanuel Macron, s’il n’a pas créé le bouillon sécuritaire dans lequel nous sommes, n’a en revanche strictement rien amélioré à la situation, contribuant même à rendre le débat plus explosif encore en niant dans une certaine mesure la situation.

Ma position reste donc toujours la même : je m’efforce d’être optimiste et il est possible qu’Emmanuel Macron et ses ministres aient réalisé l’importance de ce sujet. S’ils écoutent les bons diagnostics et les bonnes solutions, il est possible que ces paroles soient concrétisées en actes, sans garantie quelconque. Mais encore une fois, nous n’avons pas le choix que de souhaiter leur réussite.

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