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Pierre-Marie Sève dans Boulevard Voltaire « Relayer une vidéo en passe de devenir plus grave qu’agresser une grand-mère.»

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Publié 23 juin 2023

Ce lundi soir, à Bordeaux, a eu lieu une très violente agression filmée. Une grand-mère de 73 ans et sa petite-fille ont ainsi été sauvagement agressées par un marginal. Heureusement, elles s’en sortent avec peu de blessures. Un miracle, après avoir été littéralement jetées dans les airs.

La violence de ce « vol avec violence » a été filmée par un visiophone à l’entrée de l’immeuble. Extrêmement choquante, la vidéo a rapidement fait le tour du Net.

Mais plutôt que de poser des questions sur la violence de l’agresseur, par ailleurs connu pour une cinquantaine de faits par la police, ce qui prédomine désormais, au centre et à gauche, ce sont les avertissements contre le fait de relayer des vidéos dont on parle.

S’appuyant sur l’article 222-33-3 du Code pénal, BFM TV a ainsi publié un article au ton clairement menaçant : « Agression à Bordeaux : relayer la vidéo sur les réseaux sociaux peut vous coûter très cher. » Pourtant, rien n’est moins sûr si l’on se fie à la volonté du législateur au moment du vote. Cette disposition du Code pénal a été votée afin de punir les complices des agresseurs qui utilisent la vidéo pour encourager l’agression. A priori, absolument pas pour empêcher de publiquement dénoncer ces violences.

D’ailleurs, cet article punit la diffusion de vidéos en l’assimilant à une complicité, ce qui prouve d’ailleurs que cet article vise à punir le complice réel de l’agression, celui présent sur place et qui souhaite pousser l’auteur à commettre le crime ou le délit en le filmant. Comment imaginer qu’un tribunal assimile le fait de partager une vidéo à une complicité d’agression ?

En 2009, une député socialiste de l’Hérault avait d’ailleurs posé une question écrite au gouvernement, s’inquiétant des potentielles dérives de cette législation. Le gouvernement, qui avait fait voter cette loi, avait confirmé que « ces dispositions ont été adoptées par le Parlement afin de réprimer les pratiques dites de « happy slapping » par lesquelles des personnes filment, le plus souvent avec leur téléphone portable, des actes de violence commis par des tiers, en pratique, en vue de leur diffusion et dans l’intention de glorifier les actes commis ou de nuire à la réputation ou à la dignité de la victime. »

La vidéo au service de la démocratie

Depuis plusieurs années, les réseaux sociaux, et principalement Twitter, permettent de diffuser des vidéos de la vie quotidienne. Elles filment des cascades, des situations comiques, mais aussi parfois des crimes et des délits.

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