Quelques mois après l’avoir agressée sexuellement en sortant du métro, l’agresseur de Charlotte emménage dans le même immeuble qu’elle.
En novembre 2008, Charlotte, âgée de 25 ans est agressée sexuellement en sortant du métro. A la suite de quoi, à chaque fois qu’elle sort de chez elle, ce n’est qu’une fois la porte de son immeuble passée et le seuil de son appartement franchi, qu’elle se sent à nouveau en sécurité.
Mais en en 2010, cette semi-sécurité prend fin. Charlotte a d’abord vu et cru reconnaître son agresseur dans ses escaliers. Quelques jours après, elle le reconnaît formellement et le croise à nouveau dans la rue et dans son propre immeuble.
Après enquête il s’avère que son agresseur habite bel et bien son immeuble. Pire, il vit au-dessus de chez elle, dans l’appartement de ses grands-parents. Et de surcroît, il a déjà été condamné en mars 2009 pour une série d’agressions sexuelles dans le métro parisien.
Le 30 septembre 2010, à l’issue de son procès, il écope de quatre mois de prison avec sursis, mais n’est pas contraint à quitter son appartement ; comme si son bien-être était plus important que celui de Charlotte, la victime. Ses démarches pour contester la situation n’y changent rien.
En 2010, l’Institut pour la Justice a donné la parole à Charlotte, quand elle attendait la décision de la Cour d’appel de Versailles.
Comment vivez-vous depuis que vous avez appris que votre agresseur était en fait votre voisin ?
Je vis dans la peur permanente. Je vis avec ça tout le temps. Certes ce n’est pas un viol, certes ça ne tue pas, mais ça blesse, ça traumatise…
Le droit à l’oubli existe pour les condamnés mais il n’existe pas pour les victimes. A chaque fois que je croise mon agresseur, je suis obligée de revivre cette agression. Et en vivant dans le même immeuble le risque est quotidien.
J’ai peur de le croiser, peur de le frôler, peur qu’il pose son regard sur moi, peur qu’il recommence. Au moindre bruit de pas j’ai peur que ce soit lui. Le week-end dernier je n’ai même pas osé descendre mes poubelles.
Le combat de l’Institut pour la Justice
L’IPJ veut que les victimes soient entendues et considérées dans leur parcours judiciaire ; et après, lorsqu’elles doivent se reconstruire. La réinsertion du mis en cause ne doit pas être jugée au détriment de la reconstruction de la victime.
Maître Stéphane Maitre, expert auprès de l’Institut pour la Justice, prône un renforcement des droits des victimes.